Comment réussir l'implantation d"une luzerne ?

La luzerne, cette légumineuse aux multiples atouts, est de plus en plus prisée en agriculture pour la qualité nutritive de son fourrage bien sûr, mais aussi pour ses bénéfices agronomiques et environnementaux. 
Cependant, le projet d’implantation d’une luzerne s’accompagne souvent de nombreuses questions qui sont d’ailleurs autant de facteurs de réussite de cette culture : comment choisir une parcelle adaptée, quelle est la meilleure période pour le semis, dois-je semer des semences nues ou inoculées ? 
Cet article vous propose d’explorer les meilleures pratiques pour assurer une implantation optimale de la luzerne et garantir ainsi une culture pérenne et productive.

Sélectionner une parcelle adaptée

La parcelle destinée à la culture de la luzerne doit avoir un sol sain et bien structuré. Une bonne structure du sol facilitera l'implantation de son pivot racinaire qui assurera la pérennité de la culture et sa résistance à la chaleur.
La luzerne nécessite également un sol bien aéré pour établir une symbiose efficace avec les bactéries Sinorhizobium meliloti.
Il est important que le sol ait un pH supérieur à 6,5. Si le pH est légèrement inférieur à 6,5, il faudra le corriger avant le semis en effectuant un chaulage ; pensez également à effectuer des chaulages d'entretien les années suivantes.

En résumé, la luzerne atteindra son plein potentiel dans un sol calcaire, bien structuré et avec un pH supérieur à 6,5. En revanche, nous déconseillons de cultiver cette légumineuse dans des sols compactés et/ou hydromorphes.

Effectuer une analyse de sol pour contrôler la fertilité

Pour finaliser le choix de la parcelle, il est recommandé de réaliser une analyse de sol pour évaluer précisément les besoins en fertilisation. Une analyse datant de moins de 3 ans est idéale.
Sur cette analyse, il faudra vérifier les niveaux des éléments majeurs tels que la potasse, le phosphore, le calcium, le soufre et le magnésium. Il faut également s'assurer de la disponibilité de certains oligo-éléments comme le bore, le molybdène. Attention, ces oligo-éléments ne sont pas toujours dans une analyse de sol « classique », pensez à le préciser lors de la demande.

Accordez une attention toute particulière aux niveaux de potasse et de phosphore et réalisez des apports de fond avant le semis si nécessaire. La luzerne est très exigeante en phosphore lors de sa phase d’implantation et une carence pourrait compromettre la culture !

Découvrez l’OAD myLuzerne pour choisir votre parcelle !

En 3 minutes à peine, l'application myLuzerne vous permet de réaliser le diagnostic agronomique d'une parcelle et d'identifier ses éventuels facteurs limitants pour la luzerne. Au travers d'une vingtaine de questions, ce diagnostic évalue :
-    Le profil de la parcelle (type de sol) ;
-    La fertilité du sol (ph, éléments majeurs et oligo-éléments) ;
-    L'historique de la parcelle (cultures, traitements, adventices...).

La synthèse de ce diagnostic vous permettra de choisir où implanter vos luzernes et/ou de porter attention aux facteurs limitants comme la fertilisation. Enfin, si vous souhaitez solliciter un avis extérieur, vous pourrez partager votre synthèse de diagnostic au format PDF.
Cet outil est gratuit et disponible pour Android et iOS.
 

Inoculer les semences de luzerne

La luzerne est une plante qui n'a pas besoin d'apport en azote, un avantage propre aux légumineuses. Chaque pied de luzerne vit en symbiose avec la bactérie Rhizobium meliloti, capable de fixer l'azote de l'air et de le rendre disponible pour la plante. Cette symbiose entre des bactéries du sol et la plante est indispensable pour garantir le bon développement de la luzerne.
Cependant, pour garantir cette autonomie, il est essentiel que la bactérie Sinorhizobium meliloti soit présente dans le sol. Pour minimiser le risque, nous recommandons d'inoculer les semences avec cette bactérie avant de les semer. Pour l’inoculation, 2 choix s’offrent à vous : vous pouvez acheter des semences nues et réaliser vous-même l’inoculation à la ferme avec un produit comme le Vitalianz R Luzerne. L’autre solution est d’opter pour des semences pré-inoculées. Dans ce cas, la luzerne est enrobée avec une technologie sur semences contenant la bactérie. Pour en savoir plus visitez la page enrobage SAS Gold.

L'utilisation de semences inoculées est particulièrement conseillée dans les situations suivantes :
-    Un sol avec un pH inférieur à 6,5 ;
-    Un sol pauvre en matière organique, et donc avec une faible activité biologique ;
-    Une parcelle n'ayant pas accueilli de culture de luzerne depuis au moins 10 ans.
 

Semer à la bonne date : automne ou printemps ?

Choisir la période de semis d’une luzerne dépend avant tout des conditions d'humidité. Traditionnellement, les meilleurs créneaux sont en été, début d'automne. Dans les zones avec des pluies entre mi-août et mi-septembre, il est recommandé de semer en été dès que possible. Un semis précoce assurera une bonne implantation avant l’hiver et une production abondante de fourrage dès le printemps suivant. 

Si les conditions climatiques sont défavorables en fin d'été, il peut être préférable de semer au printemps, généralement entre le 15 mars et le 20 avril. Dans ce cas, la production de fourrage commencera réellement qu’au printemps suivant, 1 an après.

Semer des graines de luzerne : seules ou sous couvert ?

Traditionnellement, la luzerne se sème seule. Les graines de luzerne étant très petites et disposant de peu de réserves, il est important de respecter la densité de semis appropriée : au printemps, 900 graines par mètre carré, ce qui correspond à environ 20-25 kg par hectare de semences nues. Cette densité favorise une meilleure exploration racinaire, réduit la compétition entre les plantes et diminue le risque de salissement.
Voici nos recommandations pour l’itinéraire technique :
-    Préparation fine du lit de semences ;
-    Semer à la bonne profondeur : 1 cm ;
-    Limiter l’écartement entre les rangs ;
-    Rouler le semis pour favoriser le contact sol/graine ;
-    Surveiller le jeune semis : limaces et insectes (sitones...).

Au printemps, la luzerne peut également être semée sous couvert, c’est-à-dire qu’on associe la luzerne à une autre espèce comme l'orge ou le tournesol. Cette technique consiste à semer les 2 espèces en deux passages afin de gérer la profondeur de semis.

Peut-on resemer une luzerne derrière une luzerne ?

La luzerne est une espèce auto-toxique ! Aussi, resemer une luzerne derrière une luzerne est une très mauvaise idée ! Sur une même parcelle, il faut donc respecter un délai de retour de 5 à 7 ans minimum. Ce délai permet également de limiter la persistance des pathogènes : nématodes, verticillium, sclérotinia, rhizoctone, etc.

Peut-on effectuer un sursemis ?

Le sursemis d’une luzerne avec de la luzerne doit être évité également en raison de son auto-toxicité. La luzerne en place produit une toxine connue sous le nom de « médicarpin ». Cette toxine présente dans ses tissus et à l’extrémité de ses racines se diffuse rapidement dans le sol et viendra empêcher toute nouvelle implantation de luzerne.

 

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